La peinture de MunS une demarche en evolution
La série autour du corps
« Dans la solitude nocturne, vous voyez passer les mêmes fantômes. »
Des poses successives d’un même homme ? Des poses d’abandon et de perte. D’espoir vaincu.
Les fantômes de la solitude ou de la création ?
Les corps sont jetés comme des pantins inanimés, las d’avoir été joués, perdus, malmenés dans des existences vaines ; las de ce que l’être s’est déchaîné contre les murs des prisons.
Des hommes seuls dans des pièces sombres, nus. Ils attendent, réfléchissent, s’abandonnent. Quels sont ces fantômes qui perdent l’homme, le réduisent à un statut de pantin, à la passivité et à l’attente ?
Cadavres abandonnés, oubliés.
La solitude et la finitude.
La finitude, l’enfermement, le cachot.
Mais il s’agit de l’artiste qui se peint, se dessine, s’esquisse dans ces lieux austères et sombres. Dans ces atmosphères chaotiques.
L’autoreprésentation donne alors une autre dimension. Cette solitude est celle de la création. Ces murs sont ceux de l’expression. Dans cette mise en scène, sobre à l’excès, les corps deviennent objet de contemplation.
Ils sont les témoignages d’une lutte désespérée entre l’être et sa condition.
Est-il mort ? Se repose-t il las des efforts faits pour fuir ces pièces trop fermées, épuisé de s’être cogné aux murs sourds, aux difficultés qu’il y a à être ?
L’échos de la peinture de Vélikovic résonne : l’épure tragique et les trames des tableaux comme autant de cicatrices des angoisses, d’une existence soumise à la lutte.
La torture n’est pas, contrairement au peintre serbe liée à l’utilisation d’instruments terrifiants, la torture est inhérente à l’homme même, à sa condition d’artiste, prisonnier de ses démons, des faiblesses de l’expression qui ne permettent plus de croire. Terriblement seul, l’artiste n’a d’autre choix que de veiller les fantômes, faire taire les luttes intestines en les exposant et les découvrant.
« Dans la solitude nocturne, vous voyez passer les mêmes fantômes. Comme la nuit s’agrandit quand les rêves se fiancent » *Et s’il n’y a pas de rêves. Seule reste la solitude.
*Gaston Bachelard
Rachel Hanska